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AMERICA, revue de politique américaine.

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On savait Rupert Murdoch frustré par la campagne en demi-teinte de Ron DeSantis. Depuis plusieurs semaines, le ton employé sur Fox News pour évoquer la candidature du gouverneur de Floride était nettement moins favorable. Les déclarations explosives d’une source interne à la chaîne conservatrice, interrogée par le magazine Rolling Stone, viennent confirmer la rumeur (sur la famille Murdoch) : « Ils sont transactionnels et ils sentent un perdant à des kilomètres ». DeSantis passe désormais en-dessous de la barre des 20% dans les sondages. Signe des attentes déçues, le gouverneur de Floride vient de changer de directeur de campagne. Où est donc passé « Ron DeFuture » ? Le jeu de mot a fait la une du New York Post l’année dernière. En 2022, le quotidien new-yorkais, également propriété de l’homme d’affaire australien, proposait ni plus ni moins que son choix pour remplacer Donald Trump, jugé trop clivant et au comportement erratique. Depuis lors, les Murdoch se seraient reportés sur un autre gouverneur présidentiable : Glenn Yougkin.

Glenn Youngkin n’est pas officiellement candidat à la Maison Blanche. Cela n’empêche pas la chaîne Fox News de lui déployer le tapis rouge depuis quelques semaines. Et la chaîne a de quoi être enthousiaste. Leur invité est à la fois charmant et éloquent, conservateur mais aussi rassembleur. Et c’est un gagnant. En 2021, Youngkin obtient une victoire inattendue contre Terry McAuliffe, le gouverneur démocrate en place, et ce alors qu’à peine un an plus tôt Joe Biden l’avait emporté en Virginie avec une différence de 10% face à Trump. On pointe également sa popularité, de 9 points supérieure à celle de Joe Biden. Début de l’été, Youngkin est soudain perçu comme un éventuel « dark horse », c’est-à-dire un candidat inattendu qui finirait par l’emporter. La guerre contre le wokisme de DeSantis lasserait à la longue. « Les électeurs conservateurs et les électeurs indépendants préféreraient un candidat moins clivant et plus pragmatique, plus proche des enjeux qui affectent leur quotidien : prix à la pompe et au supermarché, criminalité, etc », analyse le politologue Douglas Schoen sur le quotidien en ligne The Hill. Qui plus est, lors d’un duel fictif Biden–Youngkin, réalisé par un institut de sondage, le gouverneur de Virginie l’emporterait par plus de 16 points.

Mais voilà, les espoirs nourris par Rupert Murdoch risquent d’être déçus. Youngkin pourrait bien rester un gagnant « sur papier ». Parce qu’il ne se présentera probablement pas, mais aussi parce que l’électorat des primaires du Grand Old Party lui préférera un candidat plus connu et plus offensif. C’est un électorat davantage idéologisé qu’auparavant. Ils ne veulent plus d’un Mitt Romney. L’histoire du « candidat modéré qui peut gagner », on ne la leur fait plus.