Le contexte : Andrew Tate et son frère Tristan sont accusés de trafic d’êtres humains par les autorités roumaines. Les deux frères ont la nationalité américaine et britannique. Ils ne cachent pas avoir élu domicile en Roumanie pour sa corruption notoire. Qui plus est, en matière de trafic d’êtres humains, la Roumanie figure depuis longtemps parmi les pays les plus laxistes au monde. Mauvais calcul. Les problèmes sont arrivés depuis qu’Andrew Tate a explicitement déclaré avoir choisi la Roumanie parce que « la corruption y est accessible à tout un chacun ». En outre, une citoyenne américaine originaire de Floride figurerait parmi ses victimes, ce qui a conduit à la collaboration du Département d’État américain avec la justice roumaine.
Comme tous les accusés, les frères Tate ont droit à la présomption d’innocence et interviewer Andrew Tate ne pose pas de problème en soi. Le problème c’est le contenu. L’interview est par exemple très différente de l’entretien d’Andrew Tate avec Piers Morgan qui a cuisiné son invité de long en large l’année dernière, sans rien laisser passer, reprenant propos après propos.
Ici, rien de tout cela. Dans son entretien, Carlson souligne le fait qu’aucune femme n’a porté d’accusation contre Andrew Tate et met volontairement de côté la question centrale du grooming et de la contrainte. L’ex-star de Fox News commence par des propos complotistes : « les accusations contre Tate sont d’une certaine manière inévitables. C’est comme si elles allaient forcément arriver. Accuser un homme de crime sexuel est la manière la plus rapide de discréditer ce qu’il dit ». Ce n’est pas vraiment ce que l’on appelle une interview.
Par ailleurs, c’est sans compter les deux minutes d’introduction qui feraient rire si Tucker Carlson n’était pas le présentateur vedette le plus influent aux États-Unis aujourd’hui. La vidéo, visionnée des dizaines de millions de fois, débute ainsi : « Imaginez être un garçon de douze ans vivant aux États-Unis aujourd’hui. Les urinoirs ont été retirés des toilettes publiques, les valeurs masculines sont dénigrées, les qualités féminines toujours valorisées. C’est l’une des pires expérimentations de l’histoire de l’humanité. (…) Vous pourriez décider de devenir androgyne. (…) Nous sommes au beau milieu d’une thérapie de conversion de masse sous le gouvernement de Joe Biden. »
L’interview est disponible dans son intégralité ici.