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AMERICA, revue de politique américaine.

Directeur de revue

Marjorie Taylor Greene. Photo libre de droits. Flickr.

Pourquoi « MJT » vient-elle donc d’être évincée ? Ses propos au sujet de sa collègue parlementaire Lauren Boebert, appelée « little bitch » en pleine séance le mois dernier à la Chambre basse ? En réalité, la passionaria d’extrême droite paierait son soutien au Speaker Kevin McCarthy. En mai, Taylor Greene a notamment aidé le Speaker à relever le plafond de la dette américaine, ce que refusait catégoriquement la douzaine de frondeurs du Freedom Caucus. Concrètement, les membres du Freedom Caucus n’ont plus confiance en elle car ils craignent que cette dernière révèle toutes leurs tactiques parlementaires à Kevin McCarthy.

En janvier encore, le Freedom Caucus semblait tout-puissant. L’extrême droite, forte de sa minorité de blocage, allait dicter l’agenda de la majorité républicaine emmenée par le nouveau Speaker. McCarthy serait l’otage d’une fraction radicale du GOP en mesure de bloquer toutes ses initiatives et ce parce que la majorité républicaine à la Chambre était trop ténue. Les 15 tours de scrutin nécessaires à son élection au poste de Speaker suffisaient à mesurer l’affaiblissement du pouvoir politique de l’ambitieux représentant de Californie. Mais une élue radicale a, elle, soutenu McCarthy depuis le début : Marjorie Taylor Greene.

Greene était déjà défavorablement connue pour la promulgation des thèses complotistes du mouvement QAnon. (Entre autres dérives, récemment, la représentante de Géorgie n’a pas hésité à qualifier ses opposants républicains centristes de « pro-pédophiles » sur les réseaux sociaux lorsque ceux-ci ont apporté leur soutien à la candidature de Ketanji Brown Jackson à la Cour suprême.) Mais Kevin McCarthy l’a néanmoins soutenue lorsqu’elle était en difficulté, notamment quand la Chambre basse lui a retiré le droit de siéger au sein de plusieurs commissions, et il semble avoir réussi à faire de la représentante ultraconservatrice une alliée fidèle. Aujourd’hui, le Freedom Caucus est fracturé et il n’est pas sûr que Marjorie Taylor Greene vive cette éviction comme un grand revers.